Stéphane Defraine, Bordelais d’adoption

Par B. Havaux - D. Rodriguez 

06.02.2023

Après plus de trois quart de sa vie passée dans le vignoble bordelais, Stéphane Defraine, se sent plus bordelais que belge. Cependant quand on parcoure le site internet du Château de Fontenille largement inspiré par la bande dessinée et l’œuvre de René Magritte, il ne peut nier les liens qui le rattachent à la Belgique, dont il revendique toujours avec fierté la nationalité.

Il passe toute sa jeunesse à Beersel, entouré de champs de pomme de terre. A 19 ans,  après une expérience peu concluante dans les amphithéâtres de la faculté des sciences économiques de l’ULB, il rencontre chez ses parents un jeune vigneron de Saint-Emilion qui vendait du vin à son père, responsable des vins du Fina Club. A cette époque, la compagnie pétrolière belge vendait aussi du vin. Invité dans le Bordelais, il est rapidement séduit par la région, par la nature, par la convivialité du monde rurale et l’activité des vignerons en contact avec la nature. Ayant trouvé sa voie, il poursuit une formation professionnelle de deux ans en viticulture et œnologie. Son diplôme en poche il est engagé comme responsable d’exploitation par la Château Montfort à Vouvray dans la Loire. Mais le bordelais lui manquait et en janvier 1982 il relève un nouveau challenge comme régisseur du Château Bauduc dans l’Entre-deux-Mers. Parallèlement à son activité de régisseur il crée sa propre société de conseils et de gestion de vignobles pour des investisseurs étrangers. Enfin à 33 ans il réalise son rêve et se porte acquéreur avec des partenaires belges du Château Fontenille à La Sauve, une propriété de 16 hectares au cœur de l’Entre-deux-Mers. Une propriété dont on peut retracé l’histoire grâce aux archives de l’Abbaye de La Sauve Majeure dont elle dépendait. Bien que perçu comme un originale qui m’hésitait pas à déroger aux méthodes conventionnelles et assez conservatrices de vinification bordelaise, il s’est vite intégré dans le vignoble où il est toujours bien apprécié par ses pairs. Grâce à ses relations il parvient petit à petit à acheter parcelles et domaines à ses voisins pour porter actuellement à 63 hectares la surface de son Château. Stéphane avoue qu’il avait l’avantage de ne pas subir le poids du passé. Sans origine  vigneronne, sans habitude et sans tradition il a toujours eu les coudées franches pour élaborés des vins différents, plus pointus qui correspondaient mieux aux goûts des nouveaux consommateurs.

Il faut se rappeler qu’à l’époque  les vignerons bordelais élaboraient du vin qu’on venait leurs acheter sinon ils le vendaient à un autre. Il n’y avait aucune raison de se remettre en question. Par contre Stéphane Defraine aime à répéter qu’il a  toujours eu comme obsession de mettre le consommateur au centre du débat. Depuis trois ans sa fille Macha l’a rejoint au cuvier et dans la vigne pour signer avec son père de nouvelles cuvées. La conversion en culture biologique n’a pas été simple. La transition s’est effectuée en trois phases de 20 hectares, et finalement cette année l’entièreté de la propriété sera certifiée en agriculture biologique. Cette reconversion bien qu’ayant un impact financier important n’était pas une option mais une évidence qui a eu comme impact concret d’attirer une nouvelle génération de collaborateurs qui souhaitent travailler dans un environnement sain. Preuve de son engagement et de son intégration, Stéphane Defraine a assuré la présidence  du syndicat des vins de l’Entre-deux-Mers de 2004 à 2014. Le premier belge à la tête de cette institution qui a été obligée de modifier ses statuts pour permettre à un non-français mais bien à un européen de prétendre à cette fonction. Une preuve de plus du conservatisme du Bordelais. Il faudra encore attendre un peu pour voir un chinois à la tête du syndicat.

Dégustation :

1/ Contre-pied, Pet. Nat
Sans soufre, sans sucre ajouté et sans levures exogènes. Le nez rappelle l’amande, la levure de pain et des fruits jaunes comme l’abricot ou la mangue. La bouche est généreuse, charnue et très fruitée.
Prix : 15,66€

2/ Bordeau rouge tendre, 2021 : Une explosion de fruits rouges ( fraise et framboise) bien épicés ( poivre), une bouche ronde et  gouleyante, un vin de pur plaisir à un prix raisonnable.
Prix : 8,24€

3/ Château Fontenille, Entre deux Mers 2021:
Un assemblage de 50% de sauvignon blanc, 20% de sauvignon gris, 10% de Sémillon et 4% de muscadelle. Un nez de sureau, de fougère et de zeste de citron vert. Une bouche minérale, très aromatique avec une belle tension et beaucoup de fraicheur.
Prix : 10,55€

4/ Je suis gris, La Coucoute de Fontenille, Entre-deux-Mers.
Élaboré à partir du cépage Sauvignon gris dont il ne reste qu’une dizaine d’hectares en France. Il méritait d’être défendu par d’irrésistibles vignerons qui aiment son nez fleuri, sa bouche ronde et charnue et sa vivacité qui titille les papilles.

5/ Château De Fontenille, 2019, Bordeau rouge :
Nez de sous-bois, de poivre noir et de groseille. Une bouche de fruits rouges aux tanins bien présents mais fondus. Finale longue. Un Bordeaux classique assez souple.
Prix : 10,40€

Distributeurs : Les Vins Brunin-Guillier,  La cave des Sommeliers, Vitis Vin, Wijnen De Clerck.

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